Les draps avaient été mis à sècher dans un coin reclus du jardin. La température était un peu froide, mais le vent était fort, et le tout avait sèché en moins de deux.
L'intendante s'affairait à plier les énormes draps, aider d'Yvonne. Elle voyait avec regret l'été quitter, pensant aux jours plus froids qui s'installeraient bientôt. Ses doigt souffraient déjà de la température frileuse. Et la maîtresse qui veillait sur son époux à la garnison. Mathilde aurait bien aimé qu'elle soit là pour lui préparer une tisane qui décrisperait ses pauvres doigts, et dont elle seule avait le secret.
La maîtresse avait envoyé une lettre à Clotaire, pour lui donner des nouvelles du Seigneur. Oh, la Dame avait la parole encourageante, mais les traces laissées par quelques larmes fugitives sur le papier ne mentaient pas. La Dame était on ne peu plus inquiète, et sans doute très seule, là-bas.
Fait étrange, elle avait demandé des nouvelles de la Josépha. Pas qu'il soit étrange que la Dame s'intéresse à leurs états, mais le contexte... comme une préoccupation qu'on essaie de déguiser en aparte...
Justement la Josépha. Voilà trois jours qu'elle était partie, et toujours ils étaient sans nouvelles. Mathilde avait écrit à Marie-Yvette, lui demandant si elle l'avait vu au village. La jeune femme, pour une personne comme Marie-Yvette, serait difficile à ne pas remarquer, et en effet, la réponse ne s'était pas fait attendre. Elle était bien à Saint-Aignan, à traîner comme une dévergondée sur la place du marché, invoquant le Malin et offrant son corps à tout vaille. L'enfant avait beau manqué de direction, Malthilde savait pertinemment que la réponse était une grossière exaggération, mais au moins, elle était rassurée. La petite était à SA, et l'armée l'y gardait prisionnière.
Mais il ne fallait pas que la situation perdure. En raison de la pénurie, ils devaient maintenant se contenter de nourrir les cochons au maïs une journée sur deux, et les bêtes grossissaient moins bien. Si cela continuait, les cochons donneraient tout juste de quoi nourrir les occupants du fief, et ils ne pourraient plus vendre les surplus au marché. Si même ils avaient accèes à ce marché.
L'intendante soupira. Bien qu'elle arriva fort bien à faire fonctionner le château en leur absence, elle avait plus que hâte que la Dame et le Seigneur rentrent sur leurs terres.
Ne manquerait plus que des nouvelle de la Damoiselle (oh! comme l'enfant lui manquait!) pour la rassurer.